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DE LA RÉALITÉ AU RÊVE

Photo du rédacteur: Philippe DupouyPhilippe Dupouy

Une image inspirante


L’inspiration naît parfois des scènes les plus anodines, des instants volés à la réalité… comme celui de cette photo prise en plein coeur de Paris par Marcelo Guardiola.


Photo : Marcelo Guardiola


C’est ainsi que les artistes Giorgia Marchiori et Marcelo Guardiola ont trouvé l’âme de leur nouveau tableau, intégré pour la première fois à leur spectacle "Los Guardiola" au dernier festival off d'Avignon (juillet 2024), en reprenant la chorégraphie précédement créée pour le spectacle "Tango Secret".


Un simple regard, échangé entre un homme perdu et un mannequin figé derrière une vitrine, a suffi pour faire naître un tableau d’une beauté saisissante.


Dans cette histoire, un clochard solitaire s’éprend d’une silhouette inaccessible, prisonnière du verre et du silence. Mais une nuit, le miracle se produit : elle prend vie, l’invite dans une danse envoûtante où le temps et la misère s’effacent. L’espace d’un instant, il n’est plus un homme oublié, mais un amant, le prince d’un rêve éphémère.


Pourtant, les songes sont fragiles, et celui-ci ne fait pas exception…


C’est cette poésie tragique, ce combat entre l’illusion et la réalité, que Los Guardiola ont voulu transposer sur scène. Une danse où l’amour naît de l’impossible, se consume dans la grâce et s’effondre dans la fatalité.


Voici l’histoire imaginée qui a donné naissance à leur œuvre…


Photo : Philippe Dupouy


L’amour au-delà du verre


Il avançait lentement, pieds nus sur le pavé glacé. Son sac plastique battait faiblement contre son dos, seul rempart entre lui et l’hiver impitoyable. Son souffle formait de petites nuées blanches qui se dissipaient aussitôt dans l’indifférence de la ville.


Et puis, comme chaque soir, il s’arrêta devant cette vitrine.


Elle était là. Immobile, parfaite. Son corps de mannequin sculpté dans une pose élégante, sa robe noire drapée autour d’elle comme une caresse du vent. Son visage était sans expression, mais lui voyait autre chose. Il voyait de la tendresse dans ses lèvres peintes, une promesse dans la courbe de son cou.


Il l’aimait.


Depuis combien de jours ? De mois ? Il ne savait plus. Mais chaque nuit, alors que la ville l’abandonnait à sa solitude, il venait ici, pour la retrouver. Il lui parlait à voix basse, murmurait des secrets que personne n’écoutait, et parfois, il rêvait qu’elle l’entendait.


Ce soir-là, pourtant, quelque chose fut différent.


Peut-être était-ce la faim qui lui creusait l’âme.

Peut-être était-ce la fatigue qui pesait trop lourd.

Peut-être en avait-il assez d’attendre un miracle.


Alors il ferma les yeux et pria. Pas un Dieu qu’il avait oublié depuis longtemps, mais elle.


“Viens à moi…”


Photo : Philippe Dupouy


Quand il rouvrit les paupières, la nuit s’était figée. La ville n’existait plus. Il n’y avait plus que lui, et elle. Et sous son regard incrédule, elle bougea.


D’abord un frisson. Puis un soupir. Et enfin, un pas.


Elle sortit de la vitrine comme si le verre n’existait pas, glissant vers lui avec une grâce irréelle. Ses mains froides prirent les siennes, et il sentit un souffle de vie parcourir son corps usé.


Sans un mot, elle l’entraîna dans une danse.


Les rues s’effacèrent sous leurs pas. Ils valsaient sur des pavés d’étoiles, tournaient sous une lumière d’un autre monde. Il oublia la douleur, la faim, le froid. Il était un homme, un prince, un amant. Elle était sienne.


Mais l’instant était fragile, suspendu sur le fil du rêve.


Il sentit sa poigne faiblir. Son regard, qui brûlait d’une flamme nouvelle, s’éteignait lentement. Elle trembla, recula, et la panique le prit.


“Non… reste avec moi !”


Elle ne répondit pas. Elle ne le pouvait pas.


Déjà, elle retournait vers la vitrine. Déjà, ses traits redevenaient figés. Il hurla, se jeta sur elle, mais ses bras ne serrèrent que du vide.


Il frappa contre la vitre, désespéré. Elle était là, à quelques centimètres, et pourtant infiniment loin. Son visage n’était plus qu’un masque, ses yeux vides, son corps inerte.


Il tomba à genoux. Il n’avait plus de larmes, plus de force.


Juste ce silence, et son reflet brisé dans le verre.



 


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